Un projet d'éducation artistique à la croisée des arts visuels, des arts du son et des nouvelles technologies en direction des lycées professionnels
Les élèves du lycée Camille Jenatzy enregistrent le son du démarrage d’une voiture dans leur atelier, 2008 - photo Grégoire Lorieux
Les élèves du lycée Louis Blériot enregistrent le son d’une machine dans leur atelier de chaudronnerie, 2007 - photo Lionel Romier
Enregistrement en binôme du frottement entre une plaque de métal et un morceau de bois - photo Lionel Romier
Les élèves du lycée Camille Jenatzy arrivent devant le Centre Pompidou, 2008 - photo Marie-Hélène Vincent-Choukroun
Les élèves du lycée Louis Blériot découvrent le forum du Centre Pompidou, 2008 - photo Marie-Hélène Vincent-Choukroun
Les élèves du lycée Camille Jenatzy dans la chenille du Centre Pompidou se dirigent vers le Musée, 2008 - photo Marie-Hélène Vincent-Choukroun
Dans leurs ateliers professionnels, les élèves choisissent les machines qu’ils enregistrent et expérimentent les techniques de prise de son en binôme. Après cette première séance dans leur lycée, ils vont à la rencontre de l’œuvre au Musée et en font une première expérience sensible.
Qu’est-ce qu’une œuvre provoque en nous ? En créant les conditions d’une expérience forte et inattendue, la rencontre avec l’œuvre vise un triple décalage par rapport aux pratiques ou références habituelles des élèves : étrangeté de ce qui est soumis au regard et à l’écoute ; étrangeté du contexte institutionnel que l’on découvre ; étrangeté de la relation pédagogique qui n’est pas celle habituellement proposée dans le cadre scolaire.
Face à une œuvre d’art a priori éloignée de leur univers de références et face à des matériaux sonores quotidiens qui ne sont pas immédiatement musique, les élèves se confrontent à des questions telles que : où sommes-nous ? Qui vient là d’habitude ? Quels sont les codes de comportement ? Comment regarder cette œuvre ? Qu’est-ce qu’écouter ?
Cette rencontre avec l’œuvre, y compris dans ce qu’elle peut avoir de déstabilisant ou d’ennuyeux, vise à faire advenir les sensations, les références et les représentations des élèves à travers une parole qu’il s’agira de prendre au sérieux. C’est elle qui servira d’appui aux « exercices du regard et de l’écoute » de l’étape pédagogique suivante.
Rendre possibles la prise de parole, la verbalisation d’émotions, de sensations, d’association d’images et d’idées par définition difficiles à exprimer. Par conséquent, il s’agit aussi de prendre conscience que les mots peuvent manquer face à l’œuvre d’art.
Passer d’une perception spontanée (remplie de représentations souterraines) à une perception active et conscientisée.
Faire l’expérience de l’écoute « attentive » en s’initiant aux techniques de prise de son et en portant un regard nouveau sur son environnement sonore. Aller vers une lecture individuelle qui précise sa propre relation à l’œuvre, y compris dans ses aspects négatifs, imprécis, incomplets, et qui dépasse les représentations collectives et les clichés.
Prendre conscience du contexte institutionnel.
En amont, les médiateurs (arts visuels et arts sonores) ont sélectionné des œuvres qu’ils proposent ensuite à l’équipe pédagogique. Il n’est pas utile de chercher à choisir une œuvre jugée plus « accessible » ou une œuvre qui aurait un rapport supposé avec « l’univers » des élèves. Il est même déconseillé de choisir une œuvre qui proposerait une thématique arts visuels – arts du son trop explicite.
Il n’est pas souhaitable que les médiateurs ou les professeurs ne préparent trop les élèves à ce qu’ils vont vivre. L’énoncé des grandes lignes du projet suffit.
Lors de la première séance au Musée, la fonction du médiateur est essentiellement d’écoute et d’observation. Il crée les situations pour que l’élève puisse faire l’expérience de l’œuvre par lui-même. Il recueille les paroles des élèves, fait des liens entre elles, mais n’induit pas de réponses. Dans ce premier temps, la médiation est donc discrète et presque silencieuse.
Dans le lycée, les prises de sons sont propices à une ouverture sur une écoute différente « sans le savoir », détachée de considérations d’ordre culturel ou esthétique. En revanche, les échanges techniques autour de la prise de son sont favorables à l’installation d’une relation de confiance avec les élèves.
En amont de la séance, il est demandé à chaque élève de repérer des sons dans son environnement (si possible variés : sons saillants, ambiances, textures), en vue de les enregistrer. Par exemple, en atelier de mécanique automobile et de chaudronnerie, les élèves ont choisi les sons de différents outils (clés, marteaux), des tiroirs à outils, de différentes machines (pont élévateur, fraiseuse), de moteurs de voitures, de différentes tôles, etc.
La séance se répète autant de fois que nécessaire par groupe de six élèves (une heure par groupe).
La séance a lieu sur une demi-journée et peut s’alterner avec un travail d’atelier habituel (dans ce cas, on aborde aussi la question du reportage sonore).
La progression entre ces trois à quatre séquences repose sur le fait de prendre conscience par exemple :
À chaque étape, le rôle du médiateur est de noter, de rassembler les expressions, de faire reformuler les élèves.